Gorgoroth+Enthroned+Tyrant, (20/11/07 La Loco, Paris)

En ce mardi 20 Novembre, jour d’automne moribond et pluvieux, agrémenté des (putains de) grèves des transports, il fallait vraiment avoir des «cojones de toro» pour se rendre à l’affiche Gorgoroth, Enthroned, Tyrant, à La Loco, mais il en faut beaucoup plus pour destabiliser votre serviteur. Après trois heures passées entre transports foireux et marche longue distance, je débarque sur les lieux vers 20h, et retrouve des amis tous aussi déterminés. Sachant que Gorgoroth est un groupe très instable depuis un mois, on se devait de voir ce combo, culte pour certains, mais opportuniste pour d’autres…Après un passage obligé au bar (bordel ! leurs tarifs font passer l’épicier du coin pour un hard-discounter !), le premier combo débarque.

Tyrant envoie la sauce, ce combo suédois formé en 2007, fait ici la promotion de son premier album, sorti il y a quelques semaines. Il est clair que ce quatuor scandinave maîtrise parfaitement son sujet. Le son est bon et la basse attaque sur des fréquences qui vont faire siffler des oreilles pendant plusieurs semaines….Le combo nous passe en revu l’essentiel des titres de son nouvel opus, la musique est un mélange de Hellhammer, Venom, Celtic Frost et Slayer, que du bon en clair. L’exécution des morceaux est excellente, il n’y a rien à rajouter, sinon, que les morceaux passent très bien sur scène, voir même mieux que sur album.

Après une courte pause, nos voisins belges débarquent sur scène, et je pense qu’ici, nous avons du assister au pire désastre scénique que le black metal et La Loco aient connu. Enthroned groupe surestimé, à la discographie sans intérêt, confirme son statut de groupe inutile (je ne pouvais pas mieux résumer la situation). Ayant notamment jeté une oreille de longue date, à leur discographie, j’arrivai donc paré pour reconnaître la plupart des titres et «essayer de les apprécier». Malheureusement, pendant près de 45 minutes le combo nous balance une bouillie sonore d’une stérilité et surtout d’un ennui que même en comparaison, l’attente d’un RER aux heures creuses en cette période de grèves parait intéressante. Sur l’ensemble de la prestation j’ai bien du reconnaître difficilement 3 titres tellement le son était horrible. Le pire dans cette affaire, c’est que l’ingénieur du son avait l’air jouasse et contant de son boulot. Bref, le clou du spectacle (ou de l’attraction comme vous préférez …) arrive lorsque le vocaliste s’adresse au public en le traitant d’enculé, je pense que le chanteur a du croire que ça faisait bien, mais au final vu la prestation minable on pouvait prendre ça au premier degré. Un groupe et une prestation à oublier pour ma part (je précise et je souligne que mon avis et mon jugement sont ma vision du set du combo, si d’autres veulent donner un avis contraire qu’ils s’expriment !).

Je passe au bar et décide de ravitailler les troupes, l’attente pour Gorgoroth se fait longue mais ça valait vraiment la peine d’être venu. D’entrée le son nous éclate la gueule ! Une puissance et une clarté rarement atteintes dans cette salle, au bout de trois titres je mets les bouchons, le son devenant trop violent mais toujours très bon. Le line up constitué pour cette tournée est certainement le meilleur que Gorgoroth ait eu de sa carrière. Infernus à la porte, Gaahl et King se sont entourés de musiciens chevronnés et surtout compétents. Nick Barker est donc derrière les fûts et le bougre apporte une dynamique supplémentaire à la musique, en améliorant les parties de batterie, en plaçant par exemple des contres temps et des roulements bien sentis avec une rapidité et une dextérité hallucinantes pour un individu de près de 130kg. Aux guitares Teloch (Nidingr, 1349) et Sykelig (Naer Mataron) nous délivrent un jeu précis et sans fioriture. King à la basse, est complètement déchaîné, court dans tous les sens, et «arrache» les cordes de sa basse, vraiment un style à part que j’adore. Quant à Gaahl, ultra charismatique comme à son habitude, n’a pas eu besoin d’insulter le public pour se le mettre dans la poche. Le combo délivre un set exceptionnel. Les titres passent très bien et le rendu est plus qu’homogène, on sent vraiment que les musiciens jouent ensemble et pas chacun dans leur coin. Les brûlots suivant déchaînent la fosse : «Possessed By Satan», «Destroyer», «The Rite Of Infernal Invocation», «Revelation Of Doom», «Prosperity And Beauty», «Carving A Giant» et bien d’autres. En un peu plus d’une heure, Gorgoroth nous démontre qu’il reste l’une des valeurs sures du black metal norvégien, Le combo excelle sur les planches, et la prestation fût hautement plus convaincante que la précédente.

A minuit, tout le monde dehors, et les dieux des transports devaient forcément être avec moi, voiture + dernier métro me ramènent au bercail.