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Sunn o))) & Eagle Twin - L'olympic (Nantes)

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Sunn o))) & Eagle Twin - L'olympic (Nantes) Empty Sunn o))) & Eagle Twin - L'olympic (Nantes)

Message  turnedblack Mer Fév 17 2010, 00:41

Après une dure journée de labeur, c’est avec une joie à peine dissimulée que je retrouve Noupi alias The Only One et un chevelu notoire pour parcourir la quasi centaine de bornes qui nous sépare de l’Olympic, salle de concert Nantaises importante mais dont la programmation ne fait pas souvent état d’un intérêt pour les musiques extrêmes. La dernière fois, c’était pour Mogwai que je m’y rendais, on était donc loin de l’univers extrême. Aujourd’hui, il s’agit ni plus ni moins des maîtres de la vibration occulte qui nous ont donné rendez-vous pour un sabbat qui s’annonce d’ores et déjà des plus opaques, je veux bien sûr parler de Sunn o))).

Nous arrivons au pied de la salle avec quelques minutes de retard, et déjà on entend Eagle Twin qui crache ses décibels à travers la porte. Le temps de faire valider notre bout de papier attestant que nous nous sommes bien acquittés de la somme monétaire recommandée pour assister au spectacle, le temps également de se munir des nécessaires et fortement recommandés bouchons d’oreilles et nous entrons dans l’antre.

Eagle Twin entame alors son deuxième morceau. Le groupe, signé chez Southern Lord (étonnamment), délivre du gros son oscillant joyeusement entre le sludge bien cradingue et des passages s'approchant d'avantage du stoner, voire du drone pour le son (sans y faire clairement référence). Le myspace parle de death, de blues et de rock : la description n’est pas mauvaise, si ce n’est que les traces death sont lointaines, très lointaines même. Le groupe se compose en tout et pour tout d’un guitariste et d’un batteur, c'tout. Le set est correct niveau longueur, sans doute un poil court à la réflexion. Ne connaissant pas le groupe avant de les avoir vu sur scène, il m’est difficile de juger la prestation. Il m’a semblé que ça tenait la route, sans être transcendant pour autant. Ça a manqué de prestance scénique, mais il semble difficile de faire impression quand on sait qui passe derrière. Dans l’ensemble, le groupe rempli sa mission, en préparant la salle à du son massif, et en captivant au moins à minima l’attention.

Une brève pause histoire qu’Eagle Twin remballe sa batterie et ses pédales d’effets et que les Sunn s’installe tranquillement (le mur d’ampli était déjà pré-installé) nous verra confronté à une saleté musicale assez tonnante vu la teneur des concerts ce soir là, pour donner une idée je citerais Noupi : imaginer des oompa loompa en tenu SM en train de joyeusement se sodomiser (album Mirrored du groupe Battles, selon The Onlye One). Ça colle pas à l’ambiance mais ça fait rire, c’est déjà ça. J’en profite pour zieuter le matos installé : ça fait mal. Rien que ça : 6 têtes d'ampli sunn o))), c’est à chialer. Z'en avez pas un en trop pour moi ? Et puis ensuite le reste, le mur d'enceintes, installé en demi-cercle : l’autel gigantesque en l'honneur de la vibration et de l'infrabasse est prêt.

Soudain ça y est, les fumigènes sont branchés. On patiente encore quelques instants, le temps que la salle s’emplisse de fumée : on n’y voit pas à trois mètre, on se croirait dans un cimetière complètement embrumé lors d’un réveil de tous les cadavres, ceci accentué par la lumière bleuté très « nocturne ».
Greg Anderson, Stephen O'Malley et Steve Moore (effets sonores, saxo, etc.) entrent en premier sur scène et commence leur show, suivi peu après d'Attila. Tous sont vêtus de toges et semblent absorbés par leurs rituels démoniaques et impies.
Les vibrations nous assaillent, avec une massivité tellement énorme qu’elles en paraissent improbables. Jamais le son ne m’a paru aussi absorbant et totalisant, tant il semble venir de partout et nul part à la fois, s’immisçant complètement à l’intérieur du corps. L’expérience physique est assez unique, Sunn o))) sonde bien plus bas encore dans les abysses sonores que ce que l’on peut déjà penser à l’écoute des albums. Aidée par l'atmosphère enfumée, la lourdeur de la musique nous engage dans un autre rapport aux choses. Le jeu de vibration se fait clairement sentir en premier dans le corps, jouant avec nos organes et nos tympans (certes en partie protégés par des bouchons d'oreilles). C’est là tout l’intérêt du groupe sur scène, les vibrations imprimant un jeu de ressenti directement corporel sans passer par la psyché, provoquant un malaise certain et imparable. Les instants plus ambient contribuent à la puissance des riffs, tout comme ils contribuent à l’aspect incantatoire de la célébration. Attila déclame ses litanies quasi cthoniennes, prêtre de l’infamie et de l’absorption de la réalité, prophète de l’abstrait et des dimensions absurdes. La référence à Lovecraft n'est sans aucun doute pas de trop ici, on touche à l'indicible, aux cérémonies impies, à l’au-delà des limites de l'imaginable. Les mots même de rituels et d'incantations semblent... faibles, pour décrire ce qui s'est effectivement passé.
Les jeux de lumière, accentués par la fumée dans la salle, étaient tout simplement sublimes, parfois dans une ambiance verdâtre très glauque, notamment l'éclairage par en dessous du maître de cérémonie Attila, un violet quasi astral, un rouge plus dévotionnel, le tout parsemé du bleu si caractéristique j'ai l'impression des ambiances live de Sunn. Approchant de l’Ultime Fin, Attila se gante et se pare de mini laser, imposant un jeu de lignes étranges sur les atomes de fumé parcourant la salle.
Lorsque enfin tout se tait, lorsque la fumée disparait rendant visible nos visages hagards et regards perdus, l’espace-temps reprend ses droits. Il a bien du se passer une heure et demie, difficile à dire vraiment, puisque la sensation de temps semble se dissoudre lors d’une telle expérience.
Nous sortons de la salle, alors qu’une masse d’individus se rue sur le stand de marchandising. Nous, on va plutôt se jeter sur un bon vieux panini-frites, histoire de rassurer notre estomac et pouvoir assurer le retour au bercail.


Petit bémol : le jeu de scène d'Attila, pourtant pas mauvais, m'a semblé étrange quand il a enfilé son masque en plastoque (sorte de visage fondu), en milieu de set. Je n’en ai pas forcément compris la portée, pour tout dire.
Un très bon set, avec l'intégrale me semble-t-il du petit dernier, Monolithe & Dimensions. Il y a eu aussi des passages plus ambient, comme ils ont pu faire sur certaines de leurs compos, mais je ne saurais pas mettre de nom dessus.

En tout cas une expérience que je referais volontiers, difficilement qualifiable et racontable en soi, mais unique ça c'est sûr. Sunn, c'est déjà assez génial je trouve, mais alors en live, c'est incroyablement plus imposant.


Vague idée de la prestation :
https://www.dailymotion.com/video/xc35vr_sunn-o-lolympic-28012010_music
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